A la une Faites entrer l'accusé Interview

Le Figaro – «Le blouson en cuir appartient au passé»

J’ai le plaisir de vous partager l’article du Figaro publié le 16/10/2020.

Vous retrouvez la vidéo en cliquant ici.

FIGARO LIVE – Les deux journalistes ressuscitent le magazine «Faites entrer l’accusé» dimanche 18 octobre à 21h05, sur RMC Story. Invités du «Buzz TV», ces deux visages de BFMTV dévoilent les contours de la nouvelle mouture.

TV MAGAZINE. – Allez-vous vous réapproprier le blouson en cuir noir de Christophe Hondelatte?
Rachid M’BARKI. – 
Non, le blouson en cuir ne me va pas du tout (rires). Plus sérieusement, je n’en avais pas envie. Cette émission ne repose pas là-dessus. C’est daté!
Dominique RIZET. – Moi, je date un peu, j’ai le cuir tanné et rembourré (rires). Je l’ai porté pour les photos et je l’aime beaucoup. Mais c’est vrai que ça appartient un peu au passé… Sinon on a gardé le générique, la mécanique du récit, la pédagogie de l’émission et l’ambiance feutrée.

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Est-ce une grande pression de relancer une émission culte?
R. M’B. – Oui, évidemment! Je sais que c’est une grande responsabilité, car c’est un monument de la télévision française. Ce n’est pas rien. […] Moi, je raconte l’histoire du début à la fin et Dominique endosse le rôle de l’expert. Sa présence est accentuée dans cette nouvelle saison, car les techniques d’enquêtes policières ont évolué. Elles sont beaucoup plus pointues et nécessitent de la pédagogie.

Avez-vous reçu un message d’encouragement de vos prédécesseurs: Frédérique Lantieri et Christophe Hondelatte?
R. M’B. – La réponse est non. Et pour moi ce n’est pas un passage de témoin. Je n’ai pas envie de regarder derrière, j’ai envie de regarder l’avenir.
D. R. – L’émission n’appartient à personne. Elle appartient au public, aux fans, à tous ceux qui nous soutiennent!

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L’objectif de votre magazine est-il d’apporter de nouveaux éléments à une enquête?
R. M’B. – «Faites entrer l’accusé» ne traite que d’affaires qui sont définitivement jugées. On peut apporter des éléments qui ne sont pas forcément connus du grand public, mais à aucun moment nous n’allons apporter un indice nouveau. L’affaire est définitivement jugée et nous ne sommes pas juges. Nous ne sommes que des conteurs.

Avec quel tueur en série aimeriez-vous vous entretenir si vous en aviez la possibilité?
D. R. – Il y a trois semaines, j’ai reçu à BFMTV une lettre de Youssouf Fofana [le chef du «gang des barbares» condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir séquestré, torturé et tué Ilan Halimi, ndlr]. Je me pose la question de savoir si je vais lui répondre. Je n’irai pas le voir et je ne répondrai pas à ce qu’il me propose de faire avec lui. Je ne lui ferai jamais de publicité. Je suis allé voir Patrick Henry, jusqu’à sa mort en prison, mais je n’irai pas voir Youssouf Fofana.

Qui iriez-vous donc voir?
D. R. – J’irais voir Hitler, s’il était encore là, parce qu’il y a des choses à comprendre dans la mécanique du meurtre, ainsi que des témoignages.

Laëtitia, sur France 2, Une affaire française, sur TF1 ou encore Un homme ordinaire, sur M6: les faits divers sont régulièrement adaptés sur le petit écran. Quel regard portez-vous sur cette tendance?
D. R. – En ce qui concerne les six épisodes du documentaire sur l’affaire Grégory proposé sur Netflix, ce qui me dérange, c’est qu’on désigne un possible coupable alors que cette personne, Bernard Laroche en l’occurrence, est morte innocente. Je ne dis pas que ce n’est pas lui, mais une personne non condamnée, qui meurt sans avoir été condamnée par une cour d’assises, est innocente. Cette façon de tordre les trucs pour nourrir une démonstration me dérange.

Constatez-vous, comme le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un «ensauvagement de la société»?
D. R. – Le terme ne me choque pas parce que je suis dedans tous les jours. Pour les policiers d’Herblay, l’un a une fracture du crâne, l’autre à un fracas facial. On leur a tiré dessus au sol, on les a roués de coups. Dix jours plus tard, l’un d’entre eux est toujours entre la vie et la mort. Est-ce qu’ils ont été massacrés? Oui.
R. M’B. – La société dans laquelle nous vivons est de plus en plus violente, clairement. Il y a de moins en moins de respect pour l’autorité en général. Nous devons tous nous mobiliser: ça passe par l’éducation et plein d’autres choses.

Comment fait-on pour tenir psychologiquement face à ces histoires sordides quand on est journaliste spécialisé dans les faits divers?
D. R – On a des loisirs, on essaie de retrouver sa famille quand on rentre le soir. On se vide la tête, car on ne peut pas vivre qu’avec ça. Un journaliste qui serait seul et travaillerait sur ce genre d’affaires se jetterait par la fenêtre. Au bout de vingt ans, c’est impossible si on n’a pas de vie sociale, des copains, des envies de faire autre chose. C’est très dur.

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